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Le Séisme

Il y a quelques semaines, inspirés par la pièce Une fin – où une galerie de personnages ordinaires affronte, avec tendresse et absurdité, l’idée de la fin du monde –, nous vous avons posé une question à la fois vertigineuse et intime Il reste un mois avant la fin. Que faites-vous ? Une invitation à imaginer vos derniers instants dans un monde sans héros ni plans miraculeux. Juste vous, vos proches, vos passions et cette ultime pulsion de vie. Vos réponses sont autant de fragments d’humanité, traversés d’amour, de nostalgie, d’urgence et de désir.

Rassembler ses proches

Pour beaucoup, il ne s’agit pas de courir, mais de ralentir. De serrer les siens, de s’entourer des visages aimés, comme pour arrêter le temps.

Passer ce dernier mois avec mes proches et les proches de mes proches ( un village quoi ! ) près du fleuve à vivre au rythme des marées, s’aimer, s’aimer et s’aimer. — Mireille Crête
Je passe le temps qu’il va rester pour rester avec tout mon monde. — Chantal Dupras
Je me débranche de tout (internet, réseaux sociaux, télé). J’essaie de trouver un endroit à la campagne pour regrouper mes proches. — Marc Lebel
Un gros party de famille. — Francine Robichaud
Dehors, avec des gens que j’aime et d’autres gens sympathiques, dansant au son des meilleurs musiciens live. — Domi Gedrn

Ouvrir les bras aux autres

Pour certaines, la fin est une occasion de se tourner vers l’humanité, de partager des histoires ou de rester fidèle à ceux et celles qui comptent, même au milieu du chaos.

Aller vers les autres pour écouter leur histoire, comme un livre ouvert. Pas de bluff, ce n’est plus nécessaire. Ce qui constitue l’humain, ce sont ses failles et ses forces. À découvrir l’humanité avec émerveillement des derniers souffles. — Ginette Hébert
Très difficile à répondre puisque je suis une proche aidante très présente. Je ne crois pas que j’abandonnerais ma sœur, alors bien possible que je ne change rien. Chose presque certaine faudra devenir autosuffisant parce que plus personne ne voudra travailler. Ça peut vite devenir le chaos et je ne nous souhaite pas ça. — Jo Chasse

Partir loin

La perspective de la fin dénoue les freins. Alors, pourquoi ne pas céder à l’appel du large, à ces rêves de départ souvent reportés ?

J’arrête de culpabiliser pour l’environnement et je pars en voyage. — Phil Leblanc
Je pars en voilier. — Marie Christine

Goûter jusqu’à l’ivresse

La fin du monde n’effraie pas celles et ceux qui imaginent de grands festins. De la table monte une joie contagieuse, une manière de célébrer la vie jusqu’à la dernière bouchée.

Un festin de style banquet à tous les jours, avec les gens que j’aime. Manger et boire jusqu’à la fin de chaque nuit. — Victor S. christin
Je rassemble mon monde, je mange tout ce que je veux sans limite, des grands festins ; dans un pays chaud, sur le bord de la mer où l’on fait les plus grandes tablées, musique, danse, alcool à volonté . — Cindy Loup
Un surf and turf entre amis. — Maxime Lefrancois

Vivre, simplement

Et puis, il y a celles et ceux qui poursuivraient le fil des jours comme si rien ne devait s’arrêter. Pas par déni, mais par amour pour les gestes simples, les joies ordinaires.

Une dernière journée avec mes élèves, une épicerie pour un mois et après des petits plaisirs simples avec les gens que j’aime : lecture, glissades, patin tant que les patinoires sont belles, films, séries, jeux de société, blocs, casse-tête… Comme ce serait sûrement le chaos, je ne crois pas que voyager serait sage. — Josianne Gagné
Casse-tête, repas, jeux, films et séries avec mes enfants et mes petits-enfants ! — Claude Ampleman
Sous la couette à regarder des classiques de cinéma avec mes copains. — Mimo El Mitche
Cette image m’inspire… je crois que je choisirais d’aligner les petites choses du quotidien que j’aime tant… Comme un chat m’installer dans la lumière du jour et me laisser toucher par les mots d’un auteur ou d’une autrice… Je me loverais dans les bras de mon amoureux et tel un acte de résistance je rêverais la suite… Je convierais les gens que j’aime à danser dans la cuisine comme tant de fois nos soupers se seront terminés… Je cuisinerais tous ces plats qui suscitent tant de hummmm dans mon corps… Je chanterais à tue-tête une playlist d’espoir et de déchirement pour vivre tout ce qui est… — Caroline Camiré

Vos réponses nous ont émus. Elles révèlent une infinie diversité, mais aussi une humanité commune et profonde, où l’amour pour les autres et pour la vie prend toujours le dessus.

Et vous, que feriez-vous ? Pour celles et ceux qui n’ont pas eu le temps de répondre, il est encore temps d’y réfléchir… et de venir découvrir les personnages d’Une fin. Peut-être y verrez-vous un écho de vos propres réflexions…

En lien avec le spectacle Une fin
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