« Je regarde beaucoup de vidéos d’animaux sur les réseaux sociaux et je m’en inspire pas mal pour écrire, ça pourrait faire un bon À découvert, non?! » C’est le genre de phrases qu’on n’avait pas le plaisir d’entendre avant que l’auteure et comédienne Marianne Dansereau n’entre dans nos vies ! Passionnée par ces vidéos tour à tour drôles, émouvants ou insolites, notre nouvelle artiste en résidence à la salle Jean-Claude-Germain en tire la matière de ses personnages et ses intrigues.
Je ne suis pas très bonne avec les animaux. Mais je les aime beaucoup. Il y a quelque chose de complètement dichotomique entre ma fascination pour eux et ma manière d’en prendre soin, de les traiter, de les toucher même, éternelle malhabile que je suis avec tout ce qui a du poil, des écailles, des plumes, des griffes. Parlez-en à mes amis, ils se sont tous ligués contre moi pour m’empêcher de me racheter quoi que ce soit qui possède une existence. Mon historique dans les animaleries et sur Kijiji est prolifique d’achats, mais n’affiche pas mes « retours », ceux que seule la fille au comptoir de la SPCA métro Namur connait trop bien, m’attendant dorénavant avec une brique pis un fanal si je menace de lui ramener une autre pauvre bête à abandonner. Même ma famille me tourne le dos quand il s’agit de « garder-le-chat-le-temps-de-notre-voyage-au-Japon ». Car je l’avoue, souvent j’ai laissé mes animaux de compagnie dans des conditions de salubrité bien au-delà des limites de la décence. Je m’en confesse, plus d’une fois je n’ai pas su percevoir leur appel à l’aide, leur last call de vie. Dieu me pardonne, ne les entendant pas geindre, gémir d’inconfort et de douleur, oui, je leur ai parfois fait subir une lente agonie ponctuée d’atroces souffrances. J’ai clairement une place réservée en enfer, mon karma est scrap et si je me réincarne un jour, ce sera fort probablement en punaise de lit.
Or, cette interdiction de disposer d’un être vivant d’une autre espèce que la mienne (car bien sûr un être humain peut posséder un autre être humain, rien de nouveau sous le soleil) crée un manque en moi, manque que je pallie en regardant chaque jour un nombre faramineux de vidéos d’animaux que je trouve sur mon fil d’actualité Facebook, sur YouTube, sur Netflix, sur des sites obscurs en proie aux pires pop ups, etc. À la fois insipides et sublimes, ils constituent une grande partie de mes sources d’inspiration pour Savoir compter. Et ce n’est pas seulement parce que l’anthropomorphisme que je fais naturellement comme être humain devant ces images me procure inconsciemment un petit velours en me rappelant que notre espèce est « supérieure » : tels des demi-dieux, nous participons comme les animaux au cycle de la vie sur terre, mais nous, nous sommes dotés d’une conscience, ce cadeau certes empoisonné, mais qui nous donne à penser « Ils s’aiment, ils sont-tu cutes ! » quand deux cygnes monogames joignent leur cou pour créer un coeur, alors qu’eux autres agissent simplement par instinct. Non, si les vidéos d’animaux sont présents dans ma pièce c’est aussi parce qu’ils occupent une place de choix dans nos conversations. « As-tu vu le vidéo du raton laveur qui vole de la bouffe à des chats ? », « Eille c’est malade le poisson blob, y’est tellement laid, on dirait une grosse face de clown qui fond ! », « Savais-tu que le homard, s’il se fait pogner dans une cage aussi facilement c’est parce que physiologiquement il est incapable de reculer ? » En la matière, personne n’est indifférent, chacun a son mot à dire, ses préférés, sa plus récente découverte, son « classique ». Les vidéos d’animaux nous sauvent quand la conversation droppe avec une date plate, ils soulèvent les passions quand on se met à les binge watcher en gang, ils apaisent quand l’insomnie cogne à la porte aux petites heures pour faire la cuillère. C’est une des rares choses qui enthousiasme (quasi) tout le monde. Il n’y a qu’à essayer de compter sur internet le nombre plus qu’élevé de visionnements de compilations de fails animaliers, de reportages (amateurs ou non), de gifs, de films tant pour enfants que pour adultes pour le constater. À mi-chemin entre le fait divers et le mystère ultime de la vie, les vidéos d’animaux nous happent. Et ce n’est pas uniquement grâce aux plans de fous des caméras de feu de la BBC. Quelque chose nous échappe : on trouve tous les animaux plus cools que nous autres. Plus libres. Plus outillés pour la survie. Plus futés. Plus grandioses. Ils sont une source inépuisable de nouvelles découvertes. Ils inspirent notre curiosité depuis la nuit des temps. Au final, ce sont eux les plus grands. Ce sont eux, les majestueux.
J’ai donc décidé de partager avec vous, spectateurs du CTD’A et lecteurs assidus du 3900, une partie de ma playlist personnelle de vidéos d’animaux du moment. Je les ai même regroupés en sous-catégories pour vous permettre de mieux cibler vos besoins. Bonne écoute !
Si vous avez besoin de perdre vos idéaux/d’élargir vos horizons :
- Le documentaire Dolphin Lover. Je n’en dirai pas plus.
Si vous voulez réveiller votre fibre maternelle/paternelle :
- Un caméléon naissant. Rien à rajouter… à part un soupir de tendresse.
- Le top 10 des meilleurs parents dans la nature.
Si vous êtes en peine d’amour/avez reçu un 2×4 dans’ face :
- Vous n’avez jamais vu antant de lapins regroupés ensemble. Un pur bonheur !
- Un hibou donne un gigantesque câlin au bon samaritain qui l’a sauvé.
Si vous avez besoin de retrouver vos idéaux/croire en l’amour-le-vrai-et-l’unique :
- En plus d’être fidèles à vie, les hippocampes dansent un ballet des plus complexes pour se courtiser. Le summum du romantisme !
Si vous avez besoin de calmer votre anxiété :
Si vous voulez en apprendre des bonnes du côté de la sexualité animalière avec une animatrice qui se déguise elle-même en animaux :
- Green porno. Isabella Rossellini à son meilleur. Merci à Olivier Choinière de m’avoir fait découvrir ce petit bijou lors d’un coaching pour Savoir compter.
Pour les sportifs :
- La crevette-mante, cette redoutable boxeuse !
- Au Manitoba, il est maintenant possible de faire du yoga parmi les chèvres ! N’attendez plus !
Si vous aimez les choses gluantes/que vous êtes nostalgique de l’époque des Lava Lamps :
- Une raie qui accouche dans un bateau de pêche. Une rencontre du 3e type, vous n’en ressortirez pas indemne.